mardi 29 octobre 2013

Une paire d'écrits neufs

Deux nouvelles creepypâtes (la seconde n'étant que partiellement de moi, c'est une collaboration) dont chacune aura droit à une petite remarque.


http://creepypastafromthecrypt.blogspot.fr/2013/10/les-besogneux.html

Le fond sonore qui accompagne celle-ci est issu d'une vieille cassette comportant, tenez-vous bien, l'enregistrement d'une autre cassette que je ne suis pas parvenu à retrouver. Du coup, de ces sons mystérieux, on n'a que des fragments. Je crois tout de même pouvoir dire qu'il s'agit d'une fiction radiophonique. Si certains parmi vous sont vieux auditeurs, peut-être pourront-ils éclairer ma lanterne.


http://creepypastafromthecrypt.blogspot.fr/2013/10/la-danse.html

Celle-ci a été initiée par un collègue, auteur d'un personnage assez typique qui fait son chemin sur le web. Elle est composée de trois fragments écrits, dans l'ordre, par lui, par un autre (non moins respectable) et par moi-même. Le grand intérêt de ce texte est de montrer comment nous traitons du même sujet chacun d'une manière qui nous est propre. Et si c'est historiquement incohérent, mille excuses, nous faisons de notre mieux avec notre manque de volonté évident pour ce qui est de se documenter.


Sur ce, bonne lecture, et montage peu subtil en bonus.

dimanche 20 octobre 2013

mercredi 16 octobre 2013

Artefacts: Simple

Aujourd'hui, minimalisme antique.

Le Simple est un genre particulier de personnage au tempérament mystique. Et il est, avant tout, un prétexte pour représenter quelque chose de plaisant sans déployer de talents particuliers pour le dessin. Il est une sorte de portemanteau contemplatif du désert, probablement mobile voire très animé (quoiqu'assez raide), et dispose d'un spectre d'action particulièrement modeste: Frappe 1, Frappe 2, Frappe 3; Tordaison chez les spécimens mutants. Mais il a son charme: il a plu aux autres la première fois que je l'ai fait, et il a été repris. Étrange. Encore, sans doute, un exemple d'êtres "charmants" qui parviennent à retenir l'attention sans que l'on sache précisément pourquoi. Un proto-mème, restreint certes à un cercle réduit, et dont je doute fortement qu'il puisse faire son chemin ici. Mais nous verrons bien...



Original, deux dérivés et reprise. Le portemanteau vous salue et espère se montrer moins obscur par ailleurs.

jeudi 10 octobre 2013

L'homme vieux (fragments)

Cette nouvelle inachevée, dont le style est somme toute assez empesé, pourra éventuellement être présentée à un concours si je parviens à la finir. En attendant, il me faut me satisfaire un peu en donnant l'impression que ce blog est toujours mis à jour avec régularité. Le premier fragment correspond au début, le dernier à la fin et le second à quelque chose entre les deux.

On nous avait promis des horizons dorés, dorés ou tachés de suie; la réussite ou l'échec d'un même système conduisant à l'un ou à l'autre. Nous ne vîmes arriver aucun des deux, et nous avons cessé d'attendre. L'espèce même, en vérité, est bien lasse, et s'est laissée aller à un doux recul.
Nous avons cessé de tondre nos pelouses, de tailler nos haies; nous avons cessé de lire, d'apprendre et de faire, et nous avons cessé de construire. Notre volonté s'était érodée, et nous reposions désormais sur des acquis en déclin.
Puis, comme si ça ne suffisait pas, nous fûmes las de nous reproduire. Nos lits eux-mêmes nous rebutaient, préférant la douce-amère contemplation de nos choses qui s'effritent. Les couples vivaient silencieux, immobiles et enlacés dans une douceur à froid, partageant un pâle sourire, pleins de bonheur, et de suffisance.
Enfin nous avons cessé de vivre. Nous avons quitté les cités maintenant décrépites, marchant sereinement sur les routes désertes, vers là où l'errance nous conduirait. Nous ne laissions rien alors, ou rien de regrettable.

Dès avant nous savions combien l'asphalte était douce à l'esprit, quand on pouvait la parcourir à pied. Quand les véhicules ont cessé de circuler en leur centre, les rues nous avaient de suite parues plus larges et plus nettes. Combien était belle, lorsqu'elle était vide, cette surface dure et lisse, improbable vestige d'une improbable époque, et comme nous triomphions d'aller ainsi par le milieu d'une voie autrefois impraticable...  Nous mesurions alors toute l'ampleur de notre satisfaction: notre ennui avait eu raison de toutes les choses anciennes, et à présent nous découvrions émerveillés un monde nouveau pour se blottir et s'éteindre.
La lassitude nous était douce, en effet. En somme nous étions vieux; l'ennui était pour nous devenu un mode de vie. Mais le monde lui-même et toute chose en lui étaient vieux et las, comptant les jours qui les séparaient de leur terme.

Et nous sommes, donc, quelques groupes errants, mélancoliques et fascinés, qui progressent en rang de loups: la terre déprime et ça nous va bien. Pieds dans la boue; Tête parmi les ronces; Regard nulle part. En somme, il ne nous fallait rien d'autre que cette retraite spartiate, et quelques souvenirs du vieux temps restaient à ceux d'entre nous qui ne dormaient pas encore.

[...]

Un autre possède une précieuse relique: un disque de verre et de métal, produisant un son cadencé, maintenu au bras par une lanière de cuir. Il l'appelle sa berceuse, et l'écoute chaque fois que possible: car il n'ignore pas que le mouvement ne sera pas éternel. En effet, un vague érudit était un jour parvenu à déchiffrer: Dix ans de batterie. Et, depuis que l'échéance lui était connue, il attendait, inquiet, que la prophétie se réalise; et il ne comptait plus perdre une miette du son apaisant de l'appareil. Il lui donne honneur et prestance, et il dispose d'une place de choix dans la meute: il marche au milieu du rang, protégé entre un dos et une face, sans avoir à choisir où aller, ni à maintenir le rythme pour ne pas se faire distancer.
Incapable de voir qu'elle s'endort, molle et apathique, la colonne trace sa route à l'aveugle en ramassant tant bien que mal sa subsistance sur le chemin. Et au milieu, l'oisif avec son appareil rythme l'ensemble.

[...]

La bête apaisée s'endort bientôt, s'en allant bercée en cadence à des rêves sans ambition, pour n'en jamais revenir.

-Et soudain le tic-tac s'arrête.