lundi 9 septembre 2013

Les Poneys Ensorceleurs

Mes rapports amicaux avec certains membres du forum CFTC m'ont permis d'effleurer prudemment un pan étrange de la culture webistique: une organisation voilée et étendue, ignorée des hommes -moi le premier. Les francs-maçons de l'inutile, dirait-on. Je parle des bronies, et je tremble rien qu'à écrire ce mot (vous comprendrez pourquoi vers la fin).


Pour beaucoup, j'annoncerai une trivialité -et on m'accuserait rapidement de mal résumer la chose, si je ne savais pas m'adresser ici à des gens sérieux et posés: un brony est un fan de la nouvelle série Mon petit poney qui n'est pas issu des populations initialement visées (autrement dit, qui n'est pas une fillette). Cela comprend non seulement des adolescents, mais encore semble-t-il beaucoup d'adultes; et parmi eux, pour ce que je sais, une proportion étonnante d'individus mâles.
Alors qu'il y a encore quelques semaines je jugeais ce phénomène marginal (et de toutes façons cantonné à Internet et à ses usagers), mon retour récent aux étendues extérieures m'a permis de constater qu'il n'en était rien, ou du moins qu'il gagnait du terrain. On retrouve ainsi le personnage de Rainbow Dash sur cette affiche d'une très sérieuse association étudiante pour une fête où il n'y a rien que des grands. On accusera sûrement l'auteur de l'affiche d'être lui-même un brony, mais ceci montre au moins qu'il ne juge pas honteux de fréquenter des œuvres manifestement pas destinées aux gens de son âge, et que ses collègues l'ont appuyé.

C'est cette rencontre inopinée qui m'a poussé à écrire cette note. Notez la faute de frappe en haut à gauche que certains me disent être une private joke.
Je ne suis pas loin de penser que les bronies constituent un public plus nombreux pour ce que beaucoup appellent MLP que les petites filles initialement visées par cet univers lisse et gai; mais cette étrange fascination n'est pas celle de simples spectateurs. Comme on peut le voir ici, la pouliche bleue au crin irisé est tout de même quelque peu arrangée en pirate; j'ignore pourquoi ce détournement -peut-être en excuse à des penchants si puérils, ou pour atteindre un autre versant du kawaii- mais il n'est pas dans le sens d'une parodie: l'intégrité du personnage est conservée.

Bien plus, y compris dans ceux où leur corps même se trouve meurtri, le but de ces détournements ne me semble pas être véritablement de détruire un univers ou de le fouler au pied; je me base sur ça sur mon seul ressenti, une réflexion plus avancée pourrait le confirmer plus tard. La démarche, disais-je, semble être bien plus proche du pastiche.
J'ai évoqué il y a quelque temps un "épisode perdu" fomenté par des amateurs, où un personnage (Pinkie Pie) en torture un autre à mort (Rainbow Dash) pour son seul plaisir, avant de l'empailler. Parodie? Je ne crois pas: tout est reproduit avec une telle minutie et un tel respect des codes graphiques originaux, que cela me semble avoir davantage les traits d'un hommage...

Chaque vue me rapproche de la damnation (et m'éloigne de vous, probablement).

Mais en vérité, il est possible que la clarté de mon jugement sur ce dernier point ait été troublée par les personnages même. J'avais dit que cette séance de torture m'avait ravi: pourtant je me suis toujours retenu d'aimer tout ce qui avait trait au gore (hormis, parfois, en littérature). L'explication est simple: ce sont des poneys.
Il y a quelque chose de spécial en eux, cela m'apparaît clairement à présent. Je me sens troublé à leur vue -et pas uniquement parce que je crains d'être surpris, ce me semble. Ils sont propres à séduire les jeunes jusqu'à un âge avancé, et à mettre en scène les situations les plus horribles sans jamais cesser d'être mignons. Assez mignons pour retenir l'attention de tous, du moins tendre au plus faible; et au niveau de ce dernier, on trouve les bronies. Je me demande parfois si cette attitude ne dissimule pas des pans cachés de notre sexualité, encore que ceux-ci n'aient rien d'explicite ni aucune application directe.

MLP aurait atteint, sans le vouloir j'espère, un sommet dans l'art d'attendrir (encore qu'attendrir ne soit pas le mot exact, que je cherche encore): assez, s'il en avait l'intention, pour asservir une bonne partie de l'humanité.
Soyons forts et résistons à leur faiblesse.



Nota bene: Cet article a été écrit sans ordre et sans plan, assez rapidement. La réflexion est probablement fausse et incomplète, voire totalement fantaisiste (ayant moi-même du mal à distinguer le vrai de l'ironie en me relisant). Des mises à jour pourraient être apportées à ce sujet dans de prochains articles, car je sens clairement que ce travail est présentement inachevé; si je dépasse trois articles en ce sens, considérez que je suis devenu un irrécupérable brony. J'espère, très sincèrement, ne jamais en arriver là: jusqu'ici, j'ai toujours su où m'arrêter, mais j'ai peur que mon esprit ne défaille. Le fait que je puisse citer les noms des personnages est déjà mauvais signe...

mardi 3 septembre 2013

Charge d'anarchistes

-Comment courent les anarchistes?

-Ils courent en portant bien haut des drapeaux noirs, le couteau entre les dents, en criant "A l'abordage!" Et ce faisant, ils boivent beaucoup de rhum.
Ils crient avec un couteau entre les dents, et en buvant du rhum; c'est parce qu'ils sont plus forts que vous, et bien plus convaincus.


-Et où courent-ils donc?

-L'on se rue sur les nonchalants: les Associations de Consuméristes, le vieil ennemi qui s'ignore et ignore ceux d'en-bas. Trop hauts pour être atteints, certes, et toujours partis en pique-nique, et si honnêtes et si laids.