mercredi 16 janvier 2013

Une histoire du Moyen-Âge - Chapitre IV

J'achève un semestre, j'en suis sorti vivant. Peut-être même victorieux! Pour fêter ça, un nouvel épisode de notre histoire historique, où l'on verra un peu d'action et une sorte de trahison.
Résumé: Theodor Elidine débarque et prend la ville de Bonbonnes en moins d'une semaine. L'armée Fondorienne et ses auxiliaires ne manifeste aucun mécontentement; en somme, tout va pour le mieux.

Mais que faisait-elle alors, l'armée Fondorienne, voilà une question qui agace bien des érudits (c'est la question embarrassante de l'élève perspicace, et qui dépasse l'entendement du rhéteur). Eh bien, simplement, l'armée Fondorienne ne savait pas quoi faire: géant bicéphale, chaque entité en elle faisait entendre sa voix, et, à proprement parler, on n'entendait rien dans le vacarme. Les disputes bien connues entre Skerkop et Autar redoublaient de violence dans l'urgence du combat: le Crochien était alors d'avis qu'on se lance dans la mêlée, tandis que le Fondorien comptait bien attendre qu'une bonne occasion se présente, faisant confiance pour l'instant aux brillantes fortifications qu'il avait contribué à concevoir. Toujours est-il que personne ne semblait pouvoir trancher, et les débats s'éternisaient.
Qu'à cela ne tienne, pensa Elidine, nous pouvons leur forcer la main. Sûr de lui, il ordonna que l'on scinde l'armée en deux: une partie, commandée par lui-même, briserait les villages de l'Ouest, l'autre, confiée au Duc des Chaînaies, ceux de l'Est. Des espions préviendraient les deux fractions sitôt qu'un rassemblement serait en vue en face.
Ainsi donc, la grande armée se trouvait contrainte et forcée d'aller par la lande en terrorisant les habitants. Les pillards enfonçaient les villages fortifiés les uns après les autres, écrasant au besoin les milices paysannes chaque fois qu'elles avaient le courage de se former, et ramassant au passage quantité de trésors d'intérêt tels que sacs de blé ou de seigle, garants du moral de la troupe. Dans chaque fraction, la colonne était désormais suivie d'un abondant cheptel, et il n'y avait nulle part de soldats mieux nourris.
Ca alla ainsi pendant un certain temps et toujours plus vers le Nord, jusqu'au jour où une vraie résistance finit par poindre. C'était un soir de septembre, dans certain rempart montagneux, où la joyeuse et victorieuse armée d'Elidine transitait en direction de la ville fortifiée de Russigrol. Ce soir-là, donc, prudent tout de même, le maréchal avait fait envoyer son avant-garde très avant dans un défilé pour prévenir une embuscade qui restait tout de même à craindre. Vieux briscard avait raison: l'ennemi attendait sur les hauteurs. Usant d'une vélocité qu'on ne lui soupçonnait pas, Skerkop, jaillissant de nulle part, déploya ses Compagnies juste en travers du chemin tandis que des auxiliaires jetaient des pierres depuis les flancs. Totalement désemparés, les Orquaksiens tentèrent de reculer en se marchant les uns sur les autres. Les hallebardiers des Compagnies se jetèrent sur eux en silence, parant sans mal les ripostes paniquées et fendant l'air et les cuirasses de même. Le combat fut terminé en peu de temps: réduits à rien ou presque, les éclaireurs firent prestement retraite, laissant derrière eux une centaine de morts et de blessés, entassés comme à la revue.
 Skerkop, qui s'était montré si impitoyable, disparut aussi vite qu'il avait défait l'avant-garde: lorsqu'Elidine arriva sur place pour constater des dégâts, il n'avait pas laissé la moindre trace, si ce n'est il est vrai quelques des siens qui s'étaient révélés un peu moins habiles que leurs petits camarades. Aussitôt, vieux briscard alla quérir les messagers pour qu'on procède au rassemblement.
De son côté, l'estermaest revint auprès d'Autar avec un sourire en coin, triomphant, suffisant et pour ainsi dire insupportable. Il avait joyeusement outrepassé les ordres de son supérieur et, comble d'espièglerie, ramenait une victoire dans ses bagages. Inutile de vous dire que les disputes allèrent encore bon train, plus nettement agressives; le tort devenait personnel. On parlait de bannir l'importun.
A suivre... encore deux épisodes. Peut-être trois.


"Jusqu'au milieu du XIXème siècle, les fusiliers passent la majeure partie de la bataille à recharger leurs armes."
L'illustration de cette semaine n'a aucun rapport (mais aucune explication picturale ne s'imposait!). Simplement, m'inspirant des grands maîtres du genre tels M. Morsual, je m'essaie aux encres. Vous conviendrez que le résultat est affreux (ou, au mieux, très moyen): aussi, je compte sur vous pour me donner conseil, si vous en avez la patience.

2 commentaires:

  1. Aaaah! Je me sens tout confus, flatté, désorienté par ce petit commentaire en bas de l'image, et honteux de ne pas être venu visiter le blog durant ces dernières semaines... =°.°=
    Je trouve que ton dessin a du charme, si je peux te donner un conseil, essaie d'appliquer l'encre dilué en épongeant d'abord un peu le pinceau avec un chiffon pour éviter les bavures. :)
    Pour ce qui est de ton long récit, je lirai depuis le début, quand j'aurai fini les deux-trois trucs que j'ai à faire, imprimé sur du papier (parce que lire sur un écran d'ordinateur me fait mal aux yeux... *.*), et j'écrirai un commentaire digne de ce nom, parole de morse!

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    1. Très flatté! Mais il n'y a pas de honte à ne pas se distraire, tu sais (...enfin, ça te distrait de me lire, j'espère?...). Et merci du conseil, j'essaierai quand je me serai procuré une encre moins gélatineuse, et des pinceaux neufs (fatigués d'avoir peint des petits chevaliers tout au long de leur vie).
      La fin du récit est proche, tu t'en seras aperçu. J'ai le dernier chapitre sous la main, je vais le publier dans les jours qui suivent avec trois illustrations bien plus grandes que nature. Au crayon celles-ci, mais là aussi, si tu as des critiques à faire, fais-m'en part s'il te plaît!

      Merci encore.

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Je vous écoute.