jeudi 24 janvier 2013

Terrifiante Pâte

On apprécie de se faire peur, mais faire peur aux autres est encore plus jouissif. C'est ce que je tente de faire actuellement, mais j'attends l'approbation des membres du forum du Bienveillant Baraqué Blond (BBB). Je vous signalerai si ça se publie.
En attendant, voici un extraordinaire ersatz bien kriipi; traumatisez-vous bien.
 
D'étranges et terrifiantes créatures dans les bois. J'ai pris cette photo en octobre 1895 durant mes congés d'été, dans la forêt de Flanverdon (Jura). Je n'ai depuis plus jamais été le même.

Pour information, cette photo maudite (on se met à rêver d'un couple d'asiatiques dansant le tango si on la regarde trop) a déjà été publiée dans un autre blog, dont je fus l'un des plus estimés rédacteurs. L'endroit est aujourd'hui à l'abandon, le journal mort et enterré depuis bien des années, et on dit que d'étranges phénomènes s'y produisent, etc.

mercredi 16 janvier 2013

Une histoire du Moyen-Âge - Chapitre IV

J'achève un semestre, j'en suis sorti vivant. Peut-être même victorieux! Pour fêter ça, un nouvel épisode de notre histoire historique, où l'on verra un peu d'action et une sorte de trahison.
Résumé: Theodor Elidine débarque et prend la ville de Bonbonnes en moins d'une semaine. L'armée Fondorienne et ses auxiliaires ne manifeste aucun mécontentement; en somme, tout va pour le mieux.

Mais que faisait-elle alors, l'armée Fondorienne, voilà une question qui agace bien des érudits (c'est la question embarrassante de l'élève perspicace, et qui dépasse l'entendement du rhéteur). Eh bien, simplement, l'armée Fondorienne ne savait pas quoi faire: géant bicéphale, chaque entité en elle faisait entendre sa voix, et, à proprement parler, on n'entendait rien dans le vacarme. Les disputes bien connues entre Skerkop et Autar redoublaient de violence dans l'urgence du combat: le Crochien était alors d'avis qu'on se lance dans la mêlée, tandis que le Fondorien comptait bien attendre qu'une bonne occasion se présente, faisant confiance pour l'instant aux brillantes fortifications qu'il avait contribué à concevoir. Toujours est-il que personne ne semblait pouvoir trancher, et les débats s'éternisaient.
Qu'à cela ne tienne, pensa Elidine, nous pouvons leur forcer la main. Sûr de lui, il ordonna que l'on scinde l'armée en deux: une partie, commandée par lui-même, briserait les villages de l'Ouest, l'autre, confiée au Duc des Chaînaies, ceux de l'Est. Des espions préviendraient les deux fractions sitôt qu'un rassemblement serait en vue en face.
Ainsi donc, la grande armée se trouvait contrainte et forcée d'aller par la lande en terrorisant les habitants. Les pillards enfonçaient les villages fortifiés les uns après les autres, écrasant au besoin les milices paysannes chaque fois qu'elles avaient le courage de se former, et ramassant au passage quantité de trésors d'intérêt tels que sacs de blé ou de seigle, garants du moral de la troupe. Dans chaque fraction, la colonne était désormais suivie d'un abondant cheptel, et il n'y avait nulle part de soldats mieux nourris.
Ca alla ainsi pendant un certain temps et toujours plus vers le Nord, jusqu'au jour où une vraie résistance finit par poindre. C'était un soir de septembre, dans certain rempart montagneux, où la joyeuse et victorieuse armée d'Elidine transitait en direction de la ville fortifiée de Russigrol. Ce soir-là, donc, prudent tout de même, le maréchal avait fait envoyer son avant-garde très avant dans un défilé pour prévenir une embuscade qui restait tout de même à craindre. Vieux briscard avait raison: l'ennemi attendait sur les hauteurs. Usant d'une vélocité qu'on ne lui soupçonnait pas, Skerkop, jaillissant de nulle part, déploya ses Compagnies juste en travers du chemin tandis que des auxiliaires jetaient des pierres depuis les flancs. Totalement désemparés, les Orquaksiens tentèrent de reculer en se marchant les uns sur les autres. Les hallebardiers des Compagnies se jetèrent sur eux en silence, parant sans mal les ripostes paniquées et fendant l'air et les cuirasses de même. Le combat fut terminé en peu de temps: réduits à rien ou presque, les éclaireurs firent prestement retraite, laissant derrière eux une centaine de morts et de blessés, entassés comme à la revue.
 Skerkop, qui s'était montré si impitoyable, disparut aussi vite qu'il avait défait l'avant-garde: lorsqu'Elidine arriva sur place pour constater des dégâts, il n'avait pas laissé la moindre trace, si ce n'est il est vrai quelques des siens qui s'étaient révélés un peu moins habiles que leurs petits camarades. Aussitôt, vieux briscard alla quérir les messagers pour qu'on procède au rassemblement.
De son côté, l'estermaest revint auprès d'Autar avec un sourire en coin, triomphant, suffisant et pour ainsi dire insupportable. Il avait joyeusement outrepassé les ordres de son supérieur et, comble d'espièglerie, ramenait une victoire dans ses bagages. Inutile de vous dire que les disputes allèrent encore bon train, plus nettement agressives; le tort devenait personnel. On parlait de bannir l'importun.
A suivre... encore deux épisodes. Peut-être trois.


"Jusqu'au milieu du XIXème siècle, les fusiliers passent la majeure partie de la bataille à recharger leurs armes."
L'illustration de cette semaine n'a aucun rapport (mais aucune explication picturale ne s'imposait!). Simplement, m'inspirant des grands maîtres du genre tels M. Morsual, je m'essaie aux encres. Vous conviendrez que le résultat est affreux (ou, au mieux, très moyen): aussi, je compte sur vous pour me donner conseil, si vous en avez la patience.

lundi 7 janvier 2013

Regrettables lois du hasard

introspection illustrée, n°2

Le créant est bien des fois durant sa carrière confronté à cet épineux problème: donner des noms aux choses. Qu'il soit entomologiste dans la jungle sèche du Mozambique, ou artiste dans sa mansarde, il arrive qu'il soit confronté à un personnage ou un papillon qui, émergeant des fourrés matériels ou des taillis de son esprit, lui soit totalement inconnu et anonyme. Là dessus il lui invente un nom; ce sera Morinsonia jlagarensis ou Hedwardius Nanogorgone.
Et ce nom, d'où sort-il? Moi qui vous parle, j'invente des noms sans savoir comment, au hasard je pense, là où d'autres en trouvent en accord explicite avec son personnage et souvent estampillé rigolo (perfide concierge sera Rusard, sinistre professeur sera Rogue: c'est facilement visible chez Rowling; et ne parlons pas de la cruelle Cruella!). Croyez-le ou non, je pense pour une fois avoir tort dans mes démarches, bien que je ne veuille pas en changer: c'est qu'à vouloir à ce point être vrai, je m'expose aux dures lois du hasard. Mes noms sont tout simplement déjà pris!
Cette expérience frustrante m'est tombée dessus plusieurs fois. Un jour ainsi que mon crayon allait vagabondant sur une étendue blanche, il fit émerger de la feuille un bel et grand insecte que je nommai Chrysoperla anisopoda. Détail important, je classai la fictive bête parmi les plécoptères, ou perles, ces animaux primitifs qu'on voit de bon matin près des eaux claires en été. On ne peut plus logique: c'était une perle (perla) aux ailes d'or (chrysos). Quelle douloureuse blessure je reçus, en voyant qu'un prédécesseur m'avait précédé! Le nom de genre était déjà pris, et, comble de cruauté, était celui des insectes parmi mes préférés que l'on nomme Chrysopes, ces névroptères au corps mou dont les larves dévorent les pucerons et les enfants en bas âge. Cédant aux imprécations du droit d'auteur (et d'une communauté scientifique furieuse de voir un tout petit machin comme moi prétendre leur piquer leurs idées), je me résolus à renommer la chose. Ce fut Chrysoptera anisopoda, et ça eut d'emblée moins de classe, vous en conviendrez. Et encore, chrysoptera est déjà le nom d'espèce d'un passereau exotique ainsi que d'un certain nombre d'autres bestioles variées. J'ignore si ça peut passer, nomenclaturement parlant.
Je refuse de croire que mon inconscient m'a voulu jouer un tour, je lui fais bien trop confiance pour ça. Et après tout, il en est bien incapable, le pauvre.

Chrysoptera anisopoda signifie en latin: allez vous faire empailler, bande de momies rétrogrades.
Nota: je reproche ici à Rowling et autres d'employer des noms rigolos pour les pires ordures. Je m'en excuse: dans une prochaine série, je compte introduire un personnage du nom d'Azine, ce qui n'a en fait rien de ridicule, rien du moins tant qu'on ignore qu'il a pour prénoms Mohammad Alish Gardom...